| 
	 Mes propositions pour sauver la planète
	 
	L’avenir de la planète est en danger. La sauver est l’affaire de tous. 
	Diminuer les émissions de gaz carbonique est une priorité absolue. 
	Malheureusement, force est de constater que les propositions du Grenelle de 
	l’environnement, trop frileuses, ne vont pas assez loin. Il existe, en 
	effet, une source importante de ce terrible polluant dont l’aréopage réuni 
	par M. Sarkozy ne semble pas se soucier : la respiration.  
	 
	Je remarque que celle des humains émet autant de gaz carbonique que toutes 
	les automobiles de la planète réunies. En effet, chacun d’entre nous expire 
	en moyenne 900 grammes de gaz carbonique par 24 heures. Soit pour l’ensemble 
	de la population mondiale qui est de 6,7 milliards d’individus un total de 
	2,2 10 9 tonnes par an ! Comme il circule de par le monde quelques 600 
	millions véhicules équipés de moteurs à combustion interne, ceux-ci 
	produisent à peu près la même quantité de gaz carbonique (en admettant 
	qu’ils émettent en moyenne 0,2 kg de gaz carbonique par kilomètre en roulant 
	20.000 km par an) que l’ensemble de la population humaine. CQFD. Alors 
	pourquoi prendre des mesures pour réduire la production de CO2 des voitures 
	et ne rien faire pour réduire celle des humains ? Après tout une molécule de 
	gaz carbonique est une molécule de gaz carbonique quelle que soit son 
	origine ! 
	 
	Que faire ? L’idéal serait évidemment que nous consommions moins d’air en 
	sautant par exemple une inspiration sur cinq. Nous atteindrions ainsi 
	l’objectif du nouveau Grenelle qui impose une diminution de 20% de la 
	production de gaz carbonique à l’horizon 2020. Hélas, les spécialistes me 
	disent que cela est impossible. D’accord. Mais il est tout à fait possible 
	de faire en sorte qu’au moins les émissions excessives soient éliminées. En 
	effet, les 900 grammes de production quotidienne par tête ne représentent 
	qu’une moyenne. Des efforts physiques entraînent une plus forte production 
	d’énergie avec transformation d’oxygène en gaz carbonique. Ce sont donc de 
	tels efforts qu’il faudrait réguler. Pour commencer il conviendrait 
	d’interdire les sports à tous les niveaux (professionnel et amateur). Comme 
	il est à craindre qu’ils soient pratiqués subrepticement, nous devrions 
	aller jusqu’à réglementer la vitesse de déplacement des piétons (le jogging 
	pouvant être sanctionné par des peines sévères).  
	 
	Les émissions de dioxyde de carbone provenant des personnes en surcharge 
	pondérale sont, à l’évidence, également excessives. Comme les Français 
	plébiscitent à 61% l’apposition d’écopastilles sur les voitures polluantes, 
	pourquoi ne pas les faire porter aussi par les obèses (qui devraient se 
	coudre un disque jaune sur la poitrine, par exemple) ? Dans le même esprit 
	citoyen les anorexiques bénéficieraient de primes. 
	 
	Ce n’est pas tout. Je me dois d’aborder ici un sujet délicat. Celui de nos 
	excréments. Comme ils se décomposent en lâchant du gaz carbonique 
	(représentant environ 5% de celui résultant de notre respiration), il 
	conviendrait de ne plus les évacuer par les égouts. Chaque individu devrait 
	disposer les siens dans des sacs en papier recyclé paraffiné qui seraient 
	scellés et collectés par les mairies afin d’être enfouis au fond de mines 
	désaffectées et recouverts chaque jour d’une couche de ciment. Quoique cela 
	puisse choquer nombre de mes lecteurs, nos cadavres, en se décomposant, 
	dégagent aussi du gaz carbonique et devaient subir le même traitement (mais 
	pourraient être enfouis dans des mines différentes). 
	 
	Malheureusement l’homme n’est pas le seul animal qui pollue par le simple 
	fait d’exister. Prenons les bovins ; ils sont 1,5 milliards sur notre 
	planète. Une vache produit à peu près autant de gaz carbonique qu’une 
	voiture (plus même en comptant la décomposition de ses déjections, mais je 
	ne reviendrai pas sur ce sujet scabreux). Je note donc que les vaches dans 
	leur ensemble produisent davantage de gaz carbonique que les hommes et leurs 
	voitures réunis ! Et en plus, en ruminant, elles dégagent du méthane, autre 
	gaz à fort effet de serre. Un contrôle social adéquat devrait donc également 
	s’exercer sur ces bestiaux. Surtout sur les vaches suisses dont le lait va 
	dans le chocolat (qui fait grossir, donc produire du CO2 en excès) et qui 
	semblent nous narguer du haut de leurs alpages dont la fraîcheur n’a pas 
	encore été altérée par le réchauffement climatique. Une taxe à l’importation 
	des biens helvétiques (et en particulier du chocolat) devrait apprendre à 
	nos voisins à mieux respecter l’environnement. Il en va de même des porcins. 
	La Chine qui en élève un grand nombre devrait être punie fiscalement à 
	l’instar de la Suisse. En revanche, les pays musulmans (et Israël) qui, 
	religion oblige, ne mangent pas ces animaux et donc ne les élèvent pas, 
	pourraient bénéficier d’aides écologiques idoines. Et il n’y a pas de raison 
	que les ovins, les chevaux et tous les autres animaux domestiques ne soient 
	également l’objet de réglementations citoyennes. 
	 
	Je n’ai fait ici qu’esquisser quelques modestes propositions qui ne couvrent 
	pas, loin s’en faut, tout l’immense problème de la production de gaz 
	carbonique d’origine respiratoire. Les mesures à prendre par une Haute 
	Autorité de la Pollution Respiratoire, à instituer d’urgence, devraient 
	s’étendre à toute la sphère animale. De mon côté, me sentant dépassé par 
	l’énormité de la tâche je compte sur vous, lecteurs. Envoyez-moi vos 
	propositions et sauvons ensemble la planète (du ridicule).  
	Florin Aftalion 
	Docteur-ès-Sciences Physiques 
	   |