Pour un référendum sur la retraite par répartition ! 
	 
	Et pourquoi pas, la prochaine fois, un référendum sur les retraites? 
	Ségolène Royal a raison d'avancer cette solution, "parce que le président de 
	la République avait promis qu'il ne toucherait pas à la retraite à 60 ans, 
	faute d'en avoir reçu le mandat du peuple français", ce qui est exact. 
	Encore faudrait-il s'accorder sur la question. Selon moi, elle devrait être: 
	"Voulez-vous, oui ou non, conserver la retraite par répartition?", que la 
	droite et la gauche veulent maintenir contre vents et marées.
	Une campagne d'explications sur la faillite de ce système et sur les 
	injustices qu'il fait peser sur la jeunesse vache-à-lait pourrait amener les 
	gens à aller au bout de leurs réserves. Si les enquêtes d'opinion montrent 
	en effet des Français critiques sur l'équilibre de la loi, en discussion au 
	Sénat, elles confirment la nécessité d'une réforme et l'attente (à 63%, 
	selon un sondage pour L'Humanité) pour des propositions alternatives. 
	Ce mercredi, Le Figaro publie un sondage montrant que 36% seulement 
	croient à un retour à l'âge légal à 60 ans. 
	 
	Sur les retraites comme sur les autres grandes questions de société, les 
	Français me semblent beaucoup plus en avance que leurs représentants. Le 
	baromètre Ifop sur la jeunesse (16-30 ans) fait ressortir une nette perte de 
	confiance de la nouvelle génération dans le système par répartition (Le 
	Figaro des 11-12 septembre). 92% des sondés approuvent ainsi la 
	déclaration suivante: "Les jeunes ont intérêt à épargner car les 
	retraites qu'ils toucheront seront très faibles".  
	 
	Le recours à la capitalisation, ce mot que le discours dominant n'ose 
	toujours pas prononcer, est compris comme une solution alternative par une 
	majorité de jeunes, libérés des tabous idéologiques de leurs aînés. Ce même 
	baromètre fait d'ailleurs valoir que seuls 25% d'entre eux souhaiteraient 
	être fonctionnaires, contre 33% chefs d'entreprise et 23% salariés d'une 
	grande entreprise privée. La révolution des mentalités n'est visiblement pas 
	en accord avec les conservatismes, encore défendus demain par les syndicats 
	pour une énième journée de grève. 
	 
	"La manifestation de jeudi sera ce référendum", explique Bernard 
	Thibault, secrétaire général de la CGT (lundi, RTL), qui récuse, et une 
	grande partie de la gauche avec lui, la proposition royalienne. Encore 
	faudrait-il que les syndicats, non contents de défendre un monde qui 
	s'écroule, ne persistent pas à s'abriter derrière des chiffres de 
	manifestants grossièrement bidouillés. Tout le monde sait que les additions 
	syndicales sont, depuis toujours, multipliées par trois, au minimum. Or 
	c'est ce bilan qui est à chaque fois repris par les commentateurs 
	complaisants, pour laisser croire à une mobilisation de masse.  
	 
	Si les défilés de demain doivent être compris comme un vote, alors comptons 
	les rangs sérieusement, ce qui n'est techniquement pas compliqué. Pourquoi 
	ne pas désigner, par exemple, des observateurs indépendants, comme il en 
	existe pour des scrutins risquant d'être manipulés?  
	Ivan Rioufol 
	 
	 
	
	 
	  |