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    5/5/09 | Michel de Poncins | 
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	 Ces emplois fictifs et parfaitement officiels qui ruinent la France La bataille pour les élections européennes se déroule entre les divers 
	candidats potentiels d'une façon impitoyable et il faut le dire plutôt 
	douloureuse pour les contribuables qui paient tout ce cirque, en souffrant 
	parfois gravement de la crise due en partie au même cirque. L’essentiel dans 
	la presse n’est pas dit et, dans ce silence, il faut le faire connaître. Le poste de député européen est un emploi fictif. Un emploi fictif est un emploi dont le titulaire touche les salaires et 
	avantages divers sans effectuer un travail utile et correspondant à son 
	objet. Après des années de dirigisme forcené en France, il y a des milliers 
	peut-être des millions de cas semblables ; cela permettra d’expliquer le 
	lien entre les emplois fictifs et la paupérisation accélérée du pays. Les 
	députés européens ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Nous ne nous étendrons pas sur la richesse sans limite dont bénéficient 
	les heureux titulaires et qui explique les formidables combats pour se loger 
	dans la niche. Le résultat réel de leur activité est totalement nul, malgré 
	le surmenage auxquels certains d’entre eux se soumettent, avec en prime la 
	navette ridicule entre Strasbourg et Bruxelles.  Pour que chacun soit bien informé sur la vanité du prétendu travail 
	fourni par ces gens, voici comment les votes sont enregistrés au parlement 
	européen. Ils ont habituellement lieu à main levée ! Le président annonce le 
	résultat en fonction de ce qu’il constate « au jugé ». En cas de doute, ou 
	sur demande des députés, il peut faire procéder à une vérification 
	électronique, grâce à une machine à voter installée sur le pupitre de chacun 
	des députés. Sur l'ensemble des demandes de vérification initiées par les 
	membres de l'UKIP, un parti britannique, en 2007, un quart a donné un 
	résultat inverse à celui annoncé par le président. C'est à dire qu'un quart 
	des votes sur des sujets parfois très sensibles, comme par exemple les 
	normes environnementales, sont erronés. Le bureau du parlement alerté a 
	répondu sans rougir : « En moyenne, les résultats reflètent bien la réalité 
	». En résumé, le cuisinier de la marquise fabrique une salade niçoise avec 
	tous les votes et tout va bien madame la marquise !  Pour compléter le tableau, précisons que les questions sont tellement 
	compliquées que, pour voter, les députés sont obligés de regarder comment 
	vote le président ou la direction de leur groupe et ils sont conduits à 
	voter de même sans donc savoir exactement pourquoi ils votent. Ayant eu 
	l’occasion de voir la salle immense où la « cuisine » a lieu, je peux 
	affirmer qu’il faut une bonne vue pour lever la main quand il le faut. C'est 
	une forme de vote révolutionnaire et les personnes qui prétendent que 
	l’Europe est démocratique en sont pour leurs frais.  En plus, s’ajoute le fait que la quasi totalité des lois européennes est 
	issue de la Commission, c’est-à-dire d’un quarteron de fonctionnaires fort 
	riches dont la raison d’être est d’inonder le continent d’une pluie de 
	directives destructrices de la liberté. En embuscade au Luxembourg, se tient 
	la Cour de justice, qui garde le dernier mot. Devant ces faits, il est raisonnable d’accuser les députés européens 
	d’exercer uu emploi fictif. C’est sans excuse, même si, pour se disculper, 
	ils peuvent citer un nombre immense d’emplois fictifs partout au sein de la 
	« République Fromagère ». Vers les sommets de l'État, il y a les innombrables cumulards. Un 
	cumulard cumule le salaire et les avantages de plusieurs fonctions, mais 
	n'exerce pas et ne peut d’évidence exercer complètement le travail de 
	chacune d’entre elles, d’autant plus qu’elles sont inévitablement 
	contradictoires ; un cas célèbre est celui de Ségolène Royal, qui bénéficie 
	du statut princier de Présidente de Poitou-Charentes, et se balade dans le 
	monde entier pour chercher en 2012 un emploi plus gratifiant à ses yeux que 
	celui de simple présidente de région. Que dirait-on d’un PDG consacrant 
	l’essentiel de son temps à chercher à « vider » quelqu’un d’une autre 
	pédégerie ? Ne pas oublier aussi les célèbres retraités de fonctions qu’ils n'ont 
	jamais exercées : il y a des exemples de retraite d'ambassadeur touchées par 
	des personnes qui n'ont jamais rempli de métier dans les affaires étrangères 
	et de même des retraites de la Cour des Comptes reçues par des personnes qui 
	n'ont jamais exercé de magistrature rue Cambon ! Il existe des conservateurs 
	des hypothèques qui profitent de la richesse incomparable de la « niche » en 
	question et n’exercent pas véritablement le métier. Mentionnons aussi les médecins-conseils de la Sécurité sociale dont le seul travail consiste à donner des coups de tampons sur des demandes d'autorisation préalable : ils ne sont plus ni médecins, ni conseils car de tels métiers demandent une pratique quotidienne pour rester parfaitement compétents. Un autre joyeux exemple est celui des intermittents du spectacle qui sont 
	si intermittents que certains ne travaillent pas de toute l'année. Ils 
	appartiennent si peu au spectacle que, souvent, ce sont simplement des 
	menuisiers ou des électriciens ! L'on connaît aussi les étudiants quasi 
	salariés de l’aide sociale et qui n’étudient pas, certains d'entre eux ne se 
	gênant pas pour détruire physiquement l'université dans laquelle ils sont 
	censés étudier. Une nouvelle intéressante vient de nous parvenir par la presse. 
	L'instruction du procès fait à Jacques Chirac et d’autres pour des emplois 
	fictifs de 1983 à 1995 est close ; il est reproché aux intéressés un 
	détournement de fonds publics, 35 membres du cabinet de l’ancien maire de 
	Paris étant présumés avoir travaillé au RPR. Au risque de surprendre, je 
	dirai que c’est une vraie gaminerie et un grain de sable dans l’immense 
	scandale des emplois fictifs. Un point, cependant, différencie ce cas des 
	autres : il serait illégal si les tribunaux le jugent comme tel. La marée 
	noire des emplois fictifs que je dénonce est parfaitement légale et sans 
	danger : la loi est fabriquée par les bénéficiaires eux-mêmes en vue de 
	s’enrichir sans vraiment travailler. Comment peut-on expliquer ce phénomène littéralement immense des emplois 
	fictifs qui gangrènent toute l’économie française ?  Comme dans toutes les activités publiques et comme dans toute autre 
	catastrophe générée par ces activités publiques, l'on retrouve le refus de 
	l’économie de marché : faute de cet indicateur qu’est le marché, ces 
	activités obéissent au bon plaisir de ceux qui momentanément peuvent saisir 
	pour leur profit le pouvoir d'État. Le refus du marché se traduit par l’absence d'un vrai contrôle : il n’y a 
	jamais de contrôle réel dans les activités publiques et, par nature, il ne 
	peut pas y en avoir. Finissons maintenant la description en montrant le lien entre les emplois 
	fictifs et la paupérisation de la France telle que nous l'observons.  Il est totalement impossible d’évaluer les milliards et milliards d’euros 
	engloutis par des salaires et avantages distribués à des gens qui ne font 
	pas le travail qu’ils devraient faire. Ces sommes se transforment en impôts 
	et donc en chômage de masse avec ruine en conséquence. Il faut en plus mentionner, ce qui ne se fait jamais, à savoir 
	l'extraordinaire gaspillage des énergies mal utilisées et donc perdues. Si 
	cette analyse était appliquée à l'emploi fictif de député européen, il 
	serait constaté que le gaspillage des énergies est considérable, car ces 
	gens ont tout de même probablement de la valeur s'ils ne la gaspillaient pas 
	dans une voie sans issue. Un représentant de la CGT a versé récemment des larmes sur le personnel 
	d’une usine licencié par une direction étrangère. Je ne peux que lui donner 
	raison ; en revanche, je ne le suis pas quand il accuse les patrons. Ces 
	derniers sont transparents dans l’affaire et, en observant les lois, ils ne 
	font que transférer au personnel le poids insupportable de l’Etat, avec 
	notamment la tribu innombrable des emplois fictifs. Le tout explique largement pourquoi, dans la compétition universelle que nous connaissons, l’économie française court avec des semelles de plomb et non des semelles de vent. Michel de Poncins  |