Les Suisses méritent leur bonheur ! 
	 
	Les Suisses forment un peuple vaillant et prospère, nous le savons tous. La 
	longue pratique du référendum d'initiative populaire, non seulement au 
	niveau national mais même au niveau cantonal et municipal, leur donne une 
	arme puissante pour résister à maints assauts. L’îlot de prospérité qu'ils 
	connaissent montre le chemin que d'autres Européens, et en particulier les 
	Français, devraient suivre. Le pays, qui est l'un des plus riches du monde, 
	est, néanmoins, dépourvu de ressources naturelles. La géographie impose, au 
	contraire, des difficultés très rudes à surmonter. 
	 
	Certains croient, à tort, que son économie se résume à la banque, à 
	l'assurance et aux avocats : ce type d'activité ne représente que 15 pour 
	cent des emplois. Tout le reste est composé d'un tissu industriel de premier 
	niveau et de haute technicité. 
	 
	De récentes nouvelles confirment cette description. Un journal titre : « 
	La Suisse affronte une pénurie de main-d’œuvre ». Manpower a fait une 
	enquête nationale : il en résulte que près de la moitié des entreprises sont 
	affectées par la pénurie de talents. L'économie helvète a cruellement besoin 
	de techniciens et de cadres dans des domaines aussi divers que la santé, 
	l'informatique ou l'horlogerie. En fait, alors que la France se traîne 
	lamentablement avec un taux élevé et persistant de chômage, la Suisse 
	connaît le plein emploi avec un taux de chômage de 2,9 % qui est un des plus 
	faibles du monde.
	La souplesse du contrat de travail 
	 
	Les causes de cette heureuse situation peuvent être analysées. 
	 
	Un avantage essentiel a trait au contrat de travail. Il n'y a pas de Smic. 
	Tout le monde sait en France que le Smic crée des chômeurs, et l'Insee même 
	le reconnaît. Les Suisses échappent à cette malédiction. Parallèlement, il 
	existe une réelle flexibilité dans les contrats de travail, ce qui permet 
	d'ajuster facilement les équipes à la marche des entreprises, telle qu'elle 
	se déroule compte tenu des marchés. 
	 
	Le résultat est que les salaires sont plus élevés que dans les pays 
	environnants et les syndicats se plaignent de la concurrence de Français qui 
	viennent travailler en Suisse, notamment à Genève et à Lausanne. 
	 
	Depuis 70 ans, la paix du travail est totale en Suisse grâce en particulier 
	à l'accord des partenaires sociaux. Autre fait notable : le nombre d'heures 
	de travail annuel qui est de 1600 en France est de 1900 en Suisse. Les 
	efforts de formation sont considérables et, dans le classement international 
	des grandes écoles, les écoles et universités suisses sont bien mieux 
	placées que les établissements correspondants en France.  
	Suppression du statut des fonctionnaires 
	 
	Il y a quelques années, une initiative populaire a conduit au changement de 
	statut des fonctionnaires. Ceux-ci avaient depuis 1927 un statut aussi 
	néfaste que le statut actuel en France et ce statut fut aboli. Sans être 
	aussi libres que des employeurs privés, les employeurs publics ont, depuis 
	lors, des moyens de se séparer des collaborateurs qui ne donnent plus 
	satisfaction. L'avancement à l'ancienneté fut remplacé par l'avancement au 
	mérite. La gestion souple est introduite. Jusque là, il y avait 
	impossibilité de transférer des fonctionnaires d'une administration à 
	l'autre : c'est devenu possible. La méthode s'étend au niveau cantonal et 
	municipal. Le consensus fut général, lors de la réforme, y compris chez les 
	fonctionnaires eux-mêmes qui, mieux informés qu’en France, ont compris que 
	c'était leur intérêt. 
	 
	Il faut mentionner aussi le fait que la Suisse a su résister à l'aventure 
	européenne en refusant à plusieurs reprises, justement par référendum, 
	l'entrée dans l'Europe. De ce fait, elle négocie d'égal à égal avec les 
	autorités européennes. Ce n'est pas sans difficultés, car certains 
	politiciens, alléchés par la richesse incomparable des commissaires 
	européens et autres eurocrates, poussent fortement à l'adhésion de la Suisse 
	à l'Europe ! 
	 
	La Suisse ne connaît pas la pyramide insupportable d'élus qui écrabouillent 
	littéralement l'économie française. Ceux qui existent montrent un respect 
	réel des fonds publics, au lieu de la voracité sans limite de nos élus. Il 
	n'y a que sept ministres, qui sont appelés « conseillers fédéraux ». Chacun 
	n'a que trois collaborateurs. La présidence change chaque année et le 
	président est le seul à avoir une voiture de fonction. Les autres se rendent 
	à leur travail par leurs propres moyens. Les députés ne votent que fort peu 
	de lois nouvelles chaque année : le pays échappe donc au déchaînement 
	législatif qui détruit les entreprises en France. Leur rémunération est si 
	faible qu'ils sont tous obligés de continuer à exercer leur métier par 
	ailleurs.  
	Avantage d’une monnaie forte 
	 
	Un des facteurs principaux du succès est l'existence d'une monnaie forte. 
	Depuis des lustres et très régulièrement, le franc suisse se trouve réévalué 
	dans les faits par rapport aux autres monnaies. Cela montre le caractère 
	mensonger de ce que l'on appelle les dévaluations compétitives. 
	 
	L'intérêt d'une monnaie forte est double. D'abord, dans la compétition 
	mondiale, que la Suisse ne refuse pas bien au contraire, les entrepreneurs 
	sont conduits à l'excellence à la fois dans les décisions et dans les 
	investissements. Il est facile de remarquer que le pays est à l'origine de 
	firmes tout à fait considérables dans le domaine pharmaceutique ou dans 
	d'autres domaines. Un autre avantage est de donner aux acteurs économiques 
	la possibilité de faire des investissements à l'étranger dans des conditions 
	favorables, étant donnée la force de la monnaie nationale. Là aussi, la 
	compétitivité issue de la liberté joue un rôle et permet justement aux 
	firmes suisses de devenir des géants mondiaux sans payer trop cher la place 
	à conquérir. 
	 
	Il faut ajouter ce que personne ne met en lumière. Les dévaluations 
	pratiquées par le pouvoir politique sont immorales. Il y a bien longtemps, 
	Moïse reçut sur le Mont Sinaï les commandements de Dieu dont le célèbre : « 
	Tu ne voleras pas ». Depuis ce fait historique, toutes les législations ont 
	imposé, à la fois aux croyants et aux incroyants, le respect des contrats 
	privés et de la propriété. Or, la dévaluation imposée par les pouvoirs 
	politiques est une rupture de contrat et une atteinte à la propriété. Elle 
	est en plus, et ce n'est pas un hasard, inopérante, comme l'exemple de la 
	Suisse le montre. 
	 
	Pour conclure, comme disait maman Laetitia : « Pourvou que cela doure ».  
	Michel de Poncins  
	 
	
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