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19/7/25 Claude Reichman
     

      La nouvelle droite sera libérale ou disparaîtra !

« Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie ? » C’est la question que les parents posent traditionnellement à leur enfant. Et que les Français feraient bien de se poser aujourd’hui. Car à voir un premier ministre ahaner en proposant des solutions inopérantes aux déficits abyssaux du pays, on se dit que ces remèdes n’ont pas la moindre chance de marcher et qu’il faudrait vraiment prendre le problème autrement. A commencer par la redéfinition de notre ambition nationale.

La France a-t-elle traversé deux millénaires d’histoire pour tout sacrifier à un système social qui la ruine ? Car c’est bien cela le problème. J’entendais une charmante journaliste expliquer sur une chaîne d’information que les mesures proposées par M. Bayrou ne résoudraient pas nos difficultés sans une réforme de notre système social … qu’il n’était pas question, affirmait-elle avec force, de remettre en cause. En fait, elle ne faisait que paraphraser la fameuse réplique du Guépard : Tout changer pour que rien ne change !

L’homme déteste le changement. C’est pour cela que les réformes ne peuvent se faire que dans la douleur. Et pourtant chaque individu chargé d’une mission veut apposer sa marque à son mandat. Le plus souvent, le résultat est catastrophique et soulève la colère de ses mandants. Ce qui n’empêchera pas son remplaçant de se lancer dans une nouvelle réforme. Et quand l’idéologie s’en mêle, la catastrophe est augmentée de toute la force des idées fausses. Bref, mieux vaut ne rien changer tant qu’on n’est pas certain de faire quelque chose d’utile.

C’est la raison pour laquelle le plan Bayrou n’aurait jamais dû voir le jour. Entendre le Palois énumérer les problèmes qui se posent à la France faisait attendre des mesures audacieuses. Il n’y en a aucune. On rapièce laborieusement et on se dit que cela lui permettra de durer un peu à Matignon. Pas de quoi remettre en selle un pays de 67 millions d’habitants. Les mauvaises nouvelles continueront de s’enchaîner, et l’on passera à un autre politicien épuisé qui, à son tour, annoncera un plan identique au précédent. Et puis, un jour, il se passera quelque chose. Une émeute qui tournera mal, une panique bancaire, un tremblement de terre dans une zone sismique (il y en a en France), pour ne pas parler de l’arrivée de la Corse sur le continent qui devrait se faire par le mouvement des plaques dans cinquante millions d’années. On n’a que l’embarras du choix parmi les hypothèses, c’est ce qui donne du sel à la vie.

Or la réforme qui s’impose est déjà faite. Il suffit de l’appliquer. Les Etats de l’Union européenne ont décidé en 1986 de changer de système social. Ce ne fut pas un coup de tête, mais une conséquence logique de l’histoire. Le vieux continent était passé de l’agriculture à l’industrie au 19e siècle et cela avait entraîné les masses paysannes vers les usines des villes, bouleversant la vie de millions de ces nouveaux citadins. Privés de leur environnement familial séculaire, ils avaient besoin que la société s’occupe de les soigner, de leur assurer une retraite et de les aider à élever leurs enfants. La Sécurité sociale était née. Elle continue de fonctionner aujourd’hui comme si rien ne s’était passé entretemps.

Constatant que toutes ces aides étaient finalement du domaine de l’assurance, les Etats de l’Union créèrent un marché unique qui devait permettre la libre circulation des personnes, des produits, des capitaux et des services dans toute l’Union. C’était notamment la fin du monopole de la Sécurité sociale. Autrement dit la fin d’une époque et le début d’un nouveau monde. Trop d’intérêts cependant étaient attachés au système social pour que la nouveauté puisse s’imposer. Tout le monde a donc triché, à commencer par la France. Et il a fallu des actions déterminées comme la nôtre pour que la réforme s’impose, fût-ce partiellement. Mais nous avions évité le pire, l’enterrement.

« La Sécurité sociale, disait De Gaulle, c’est bon pour un million de pauvres types. » Mais nous sommes tous devenus des pauvres types sous l’effet d’une gauche collectiviste et d’une droite qui ne l’était pas moins. La fin du système social français marquera aussi la fin de la droite française. La nouvelle droite sera libérale ou disparaîtra. Il suffit d’observer le paysage politique pour comprendre que la droite n’a pas encore trouvé de successeurs, à l’exception de quelques individualités. Mais le mouvement se fera inéluctablement, par la nécessité des choix.

Par la même occasion, on mettra fin au dépeçage du pays par l’appétit de places qui donne lieu à de féroces empoignades dans le monde des « nutritis », ces nourris du sérail que tout pouvoir établi sécrète autour de lui, et qu’on a connus en Gaule puis en France depuis les Mérovingiens. En ce moment, la curée bat son plein et la Cour des comptes est, comme d’autres corps constitués, l’objet des vives sollicitudes de tout un peuple de notables affamés. On se prend à rêver de Cincinnatus qui, son mandat achevé, retourna à sa charrue. Il ne créa même pas une amicale des anciens consuls !

Claude Reichman





       

             

 

          

          






 

               

 

         

 

 



    

     

                     

 


           

     

         

  


            

           
 


                       












 

             

                


 

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