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    12/5/10 | Bernard Martoïa | 
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	 La pornographie au service de la rigueur 
	financière ! Puisque la tempête qui s’abat sur l’Europe est la faute des agences de 
	notation (américaines) qui ont injustement dégradé la note des cigales 
	européennes, il faut envisager la création d’une agence de notation 
	européenne pour redresser ce tort considérable. Telle est la position de 
	Michel Barnier, le commissaire européen chargé des services financiers, 
	exprimée dans un entretien qu’il a accordé, le 30 avril 2010, au journal 
	Les Echos. La « divine » réflexion du responsable du secteur financier 
	européen devrait rassurer l’immense majorité des citoyens européens 
	passablement inquiets quant à la pérennité de leur cher État-providence… Le travail exemplaire d’une administration publique américaine 
	 Une filature a été menée pendant cinq longues années à l’intérieur de la Security Exchange Commission (SEC). Le rôle de cette agence publique est de démasquer et de juger les criminels de Wall Street. Cette filature a révélé une étrange façon d’enquêter au sein de l’institution. Trente-trois fonctionnaires de cette noble administration publique passaient le plus clair de leur temps à regarder des films pornographiques sur la toile. Comme à son habitude, Alan Abelson a relevé avec ironie les péchés de ses congénères de Wall Street (1) : «Il y avait une défaillance occasionnelle des supérieurs à communiquer adéquatement avec leurs subordonnés. Ainsi, les agents à qui on avait ordonné de mener une enquête approfondie sur «bare sterns» (fesses nues est un jeu de mot avec la défunte firme Bear Sterns) supposèrent que les sites pornographiques étaient la place logique pour accomplir ladite mission.» Les inspecteurs arrêtés firent preuve d’un grand professionnalisme pour 
	amasser des preuves. Ils téléchargeaient les films pornographiques sur des 
	serveurs de l’agence. Quand ces derniers furent pleins de leurs 
	cochonneries, ils les copièrent sur des CDROM. Pour ce travail de fin 
	limier, ces fonctionnaires percevaient un salaire compris entre 99 000 et 
	233 000 $.  Laissez-nous mourir avec nos illusions ! C’est le message du programme du parti socialiste intitulé «nouveau modèle économique, social et écologique». Sous la plume sagace de Pierre-Antoine Delhommais (2), conservateurs et libéraux ont bu, pour une fois, du petit lait : «En ces temps si sombres, il convient de dire un grand merci au Parti socialiste français qui nous a fait passer un bon moment. Et bien fait rire. On a préféré en rire pour ne pas en pleurer. […] Il évoque le retour des années 1970. C'est cela. Une sorte de programme commun mais nappé de sauce verdâtre, un cocktail de dirigisme et d'écolo-boboisme, Georges Marchais revisité par Nicolas Hulot.» Alors que le cadavre du système de retraite par répartition empeste l’air, la caste technocratique affirme qu’il est toujours en vie ! A entendre Martine Aubry, il suffirait de taper sur l’épargne des particuliers qui triment plus que jamais pour se constituer une petite réserve pour leurs vieux jours, alors qu’ils savent, eux, que le système est condamné depuis longtemps. Mais sans redistribution, les énarques perdraient leur raison d’être. Voilà pourquoi ils s’acharnent à persuader les Français crédules que le système est encore réformable. Bernard Martoïa (1) “Leap before You Look”, d’Alan Abelson, Barron’s Magazine du 1er mai 2010. (2) « La bise des marchés et la cigale athénienne », par Pierre-Antoine Delhommais, Le Monde du 30 avril 2010. 
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