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	Les Schtroumpfs se sont réunis à Bruxelles ! 
	 
	L'Europe a autant besoin des spéculateurs que le névrosé de son 
	psychanalyste. Car les marchés financiers, tout moutonniers qu'ils sont, ont 
	l'immense mérite de ramener à la réalité le monde des Schtroumpfs - celui de 
	l'Ecofin, de l'Eurogroupe. Des présidences tournantes et diaphanes. Des 
	Conseils européens bavards.  
	 
	S'il fallait trouver une bonne raison de ne pas trop réguler les marchés 
	financiers, le Conseil européen d'hier, inconsistant, l'a fournie, 
	témoignant une fois de plus que l'Europe a du mal à prendre acte du défi qui 
	l'attend dans les mois à venir. Défi qui tient en deux points. Un, l'union 
	monétaire actuelle est une machine à déresponsabiliser les Etats, parce 
	qu'elle nous a offert à tous l'impunité budgétaire, avec la garantie 
	implicite de l'Allemagne. Deux, si l'on fait jouer cette garantie au profit 
	d'un pays faible - la Grèce aujourd'hui, l'Espagne demain, la France 
	après-demain -, l'Allemagne va s'affaiblir à son tour, car la crédibilité 
	d'un Etat n'est jamais sans limite. Jamais.  
	 
	L'Europe n'a donc guère besoin de mots pour traiter ses maux, et pas 
	davantage du "gouvernement économique" réclamé par des Français incapables 
	de se plier à la discipline communautaire. Il faut tout simplement repenser 
	complètement l'union monétaire. Le propre de la réalité, c'est qu'elle ne 
	lâche jamais prise. Très probablement, les spéculateurs vont donc revenir à 
	la charge. Ils vont gagner beaucoup, beaucoup d'argent. Et cela n'est que 
	justice. Il faut bien récompenser leur utilité sociale. Comme celle des 
	psychanalystes. 
	 
	François Lenglet 
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