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	 Que faire d’un chasseur de mammouths 
	maladroit ?  
	La science du climat serait-elle incertaine, qu'elle ne supporte pas les 
	contradicteurs ? La nomination éventuelle de Claude Allègre au gouvernement 
	déchaîne les critiques, parce que le scientifique conteste le dogme du 
	réchauffement planétaire. D'indignations en vociférations, le cortège des 
	bigots de l'écologie va jusqu'à l'accuser de "négationnisme" climatique. 
	 
	Manifestement, l'effet de serre n'échauffe pas seulement la banquise, mais 
	aussi les esprits. Depuis quand demande-t-on aux ministres de faire leurs 
	dévotions à la Saint-Nicolas (Hulot) ? On a connu les Khmers rouges, voici 
	poindre le temps des Khmers verts. 
	 
	Allègre est un esprit libre, et c'est son principal actif. Pour ne pas dire 
	le seul. Car les bonnes raisons de s'inquiéter de son arrivée comme ministre 
	de l'Innovation et de l'Industrie ne manquent pas. Il a d'abord été un fort 
	médiocre ministre de l'Education nationale, dans le gouvernement Jospin, 
	exaspérant les enseignants sans avoir réussi à toucher un poil du monstre de 
	la rue de Grenelle. 
	 
	C'était la première fois, dans l'histoire de l'évolution, qu'un mammouth 
	survivait à son chasseur. Si nos ancêtres de l'ère glaciaire avaient été 
	aussi peu doués de sens politique, ces braves bêtes brouteraient encore dans 
	nos vertes prairies. 
	 
	Le patron d'un "Miti à la française", ce fameux ministère auquel Sarkozy 
	destinerait Allègre, devra marier les chercheurs et les entreprises, comme 
	l'ont fait avec succès les Japonais, pour constituer des groupes industriels 
	innovants. 
	 
	Or, notre candidat est détesté par les chercheurs, et ne connaît pas le 
	monde des entreprises, pour n'y avoir jamais travaillé. Laissons Claude 
	Allègre à ses laboratoires. Les voix dissonantes sont rares - il faut du 
	courage pour braver le consensus - et précieuses. Elles ont toujours fait 
	progresser la connaissance davantage que le conformisme. 
	 
	François Lenglet  
	
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