| 
	  Eric 
	Woerth veut faire un vrai carnage ! 
	C'est un héros qui se dévoue pour une cause difficile, sinon désespérée, 
	l'amélioration des finances publiques françaises. S'il avait les cheveux 
	plus longs et un tee-shirt jaune, on pourrait l'appeler Brice de Niches : 
	Eric Woerth, notre ministre du Budget, a décidé de s'attaquer aux "niches" 
	fiscales et sociales, ces innombrables réductions et crédits d'impôt qui 
	obèrent les rentrées d'argent de la puissance publique. Pour les seuls 
	impôts de l'Etat, il existe en France 469 dispositifs différents, qui 
	coûtent quelque 70 milliards d'euros chaque année, soit davantage que le 
	produit de l'impôt sur le revenu.  
	 
	Le système fiscal français est donc une sorte de vaste chenil où chaque 
	lobby a construit sa niche, pour loger soit un caniche, soit un monstre 
	ultramarin - les déductions pour subventionner les investissements outre-mer 
	figurent parmi les plus importantes et les mieux défendues. Tous les 
	gouvernements successifs ont annoncé qu'ils allaient supprimer ces 
	dérogations, avant de s'en retourner vaincus, la queue basse. Car les 
	parlementaires le savent d'expérience, dans chaque niche, il y a un chien 
	qui mord. "Cave canem", telle est la devise du locataire de Bercy. 
	 
	L'année dernière pourtant, le gouvernement n'a pas molli devant les crocs 
	étincelants de la ménagerie des lobbies. Il a plafonné les niches, alors 
	qu'elles étaient naguère à ciel ouvert, c'est-à-dire sans limitation. Le bon 
	sens rejoint ici la justice fiscale, d'autant que la hauteur autorisée sous 
	plafond laisse toujours de quoi loger une belle bête. Le ministre des 
	Comptes publics veut aller aujourd'hui beaucoup plus loin. Taxe sur les 
	plus-values mobilières et immobilières, coup de rabot sur les retraites 
	chapeaux, ponction sur la participation et les stock-options...  
	 
	Quand on fait rentrer Eric Woerth dans le chenil, c'est un vrai carnage. Il 
	est vrai que la multiplication des régimes dérogatoires et des seuils est 
	une calamité qui entretient la bureaucratie et biaise inutilement les 
	comportements. Et lorsque les incitations sont si nombreuses, elles ne 
	peuvent être que contradictoires. 
	 
	Un regret, toutefois. Entre les budgets 2008 et 2009, soit sur un an, notre 
	ministre a aussi créé... seize niches flambant neuves. Parmi lesquelles 
	l'indispensable "réduction de l'impôt sur le revenu au titre de la 
	restauration d'objets mobiliers classés monuments historiques". C'est le 
	problème, avec les chiens : dès qu'on ne les surveille plus, ils font des 
	petits.  
	François Lenglet 
	 
	 
	   |