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    14/12/08 | 
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	 Quand un énarque avoue son impuissance Bruno Le Maire, député de l’Eure (où il a « hérité » de la 
	circonscription de Jean-Louis Debré) vient d’être nommé secrétaire d’Etat 
	aux Affaires européennes, succédant à Jean-Pierre Jouyet, qui prend la 
	présidence de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ce petit jeu de 
	chaises musicales entre énarques démontre à l’envi qui détient le pouvoir 
	sous la Ve République.  Claude Reichman *** Je continue à tourner la question du chômage dans tous les sens avec des économistes, des chefs d'entreprise, des spécialistes du droit du travail, des élus locaux. Quel prix sommes nous prêts à payer collectivement pour développer l'emploi en France? Comment répartir la charge des efforts entre les entreprises, les salariés, l'Etat? Un certain nombre de jeunes ou de moins jeunes ne trouveront pas de place immédiatement sur le marché de l'emploi : ils ont besoin de contrats aidés, il faudra trouver le financement nécessaire. Les très petites entreprises peuvent créer de l'emploi, pourvu qu'on allège les contraintes administratives et fiscales qui pèsent sur elles, nous avancerons dans ce sens. Le système d'assurance chômage mériterait aussi d'être revu, sur le modèle de l'Allemagne. Mais à deux ans des présidentielles, lancer une réforme de cette ampleur, qui a coûté les élections à Gerhard Schröder, est tout à fait impensable, il faudra avancer pas à pas. Reste la question épineuse du droit du travail. Simplifier l'embauche et le licenciement pour assouplir le marché du travail, depuis des années nous tournons autour de cette idée sans oser la mettre en oeuvre, il me semble indispensable d'essayer, ne serait ce que sur une partie des embauches. Notre équipe de réflexion travaille donc à une nouvelle forme de contrat de travail, qui autoriserait une rupture sans motivation. Je demande à un expert économique si nous pouvons attendre de cette mesure, socialement très lourde, parce qu elle heurte le sens commun, des résultats rapides et significatifs. « Dans les très petites entreprises, surtout les entreprises individuelles, certainement, ne serait ce que pour des raisons psychologiques. Après, l'impact macroéconomique est difficile à évaluer. Il faudra voir dans un an. » Aux responsables politiques qui voudraient des assurances, les experts n'apportent que des conjectures. On ne peut pas exiger autre chose, sauf à leur demander de tordre la 
	vérité, et à priver les responsables politiques de la part d'incertitude qui 
	fait leur liberté. Sur le sujet du chômage, nous disposons de faits 
	suffisamment accablants pour oser tenter ce qui ne l'a encore jamais été : 
	un taux d'emploi des jeunes et des plus de cinquante ans parmi les plus 
	faibles de tous les pays de l'OCDE, un taux de chômage dans certains 
	quartiers qui avoisine les 20 %, une inquiétude latente, qui ronge les 
	familles. Les mots les plus durs sur le chômage, à la fois exagérés et 
	justes, je les ai trouvés dans un texte de Thomas Bernhard, que je lisais 
	pour d'autres raisons : « Nul ne peut remplacer chez un autre son emploi. Ce 
	n'est pas quand il perd un être, fût il décisif pour lui, le plus important, 
	le plus aimé, qu'il va vers le fond, c'est quand on lui prend son emploi 
	qu'il s'étiole et, en peu de temps, il est mort. Les maladies se produisent 
	là où les gens ne portent pas toute la charge qu'ils peuvent porter, sont 
	trop peu occupés, ce n'est pas d'être trop occupés qu'ils devraient se 
	plaindre mais de ne pas l'être assez, on restreint leur emploi et les 
	maladies se répandent, tous sont la proie du malheur là où l'on restreint le 
	travail et l'emploi. » Bruno Le Maire 
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