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Européennes : les problèmes vainqueurs par KO !  | 
    14/6/04 | Claude Reichman | 
| Les élections européennes en France ont confirmé le résultat des
    régionales. Jacques Chirac et l'UMP n'ont plus la confiance des Français. Il va être
    impossible de gouverner le pays pendant trois ans dans ces conditions. Tout laisse
    prévoir une dissolution de l'assemblée nationale dans les prochains mois. Cela ne se
    fera pas sous la pression du parti socialiste. Bien que largement victorieux ce dimanche,
    il n'a pas le moindre début de programme et se trouve divisé sur la plupart des sujets,
    tandis que ses éventuels candidats à l'élection présidentielle ont déjà commencé à
    se déchirer à belles dents, ce qui a poussé Lionel Jospin à faire sa réapparition.
    Les leaders socialistes, conscients d'avoir besoin de temps pour se préparer et peu
    désireux d'hériter rapidement de la patate chaude, ont tous insisté, dans les débats
    télévisés d'après l'élection, sur le fait que, pour eux, l'échéance était 2007,
    date à laquelle se dérouleront non seulement l'élection présidentielle mais aussi les
    législatives, si elles ne sont pas anticipées. Mais la politique ne peut être un long
    fleuve tranquille quand les problèmes du pays sont graves et que les politiciens quels
    qu'ils soient n'ont aucune solution à proposer. A cet égard on pourrait présenter le
    scrutin du 13 juin comme un match de boxe, avec d'un côté les politiciens et de l'autre
    les problèmes. Résultat : les problèmes vainqueurs par KO ! Autant dire qu'ils vont
    trouver un autre terrain pour s'exprimer si le ring politique ne veut pas les accueillir.  Défaite dans les urnes, l'extrême gauche est très présente dans ce qu'il est convenu d'appeler " les mouvements sociaux " et qui devrait plutôt être qualifié de révolution permanente. Celle-ci trouve à s'alimenter dans l'insatisfaction d'innombrables assistés qui réclament toujours plus à la société et toujours moins à leurs propres efforts. Ajoutons-y des centaines de milliers de jeunes gens abusés par des diplômes aux titres souvent ronflants mais sans réel contenu et qui n'ouvrent guère que les portes du chômage, ainsi que les privilégiés de l'administration et des entreprises publiques, qui ont depuis longtemps perdu toute notion de service et ne songent qu'à préserver leurs avantages acquis, et l'on aura réuni une véritable armée que les gauchistes, à force de provocations, ne cessent de pousser à l'affrontement avec le reste de la population. Comment échapper au scénario- catastrophe Tous les mouvements de ce type déclenchés dans les derniers mois ont vu le
    gouvernement reculer après sa déroute aux élections régionales. Il va évidemment
    continuer à céder après les européennes, puisque leur résultat n'est pas meilleur
    pour lui. Ceux qui n'avaient pas encore présenté leurs revendications vont s'empresser
    de le faire. Ballotté de grèves en grèves, affaibli par les 35 heures et les déficits,
    le pays va avoir de plus en plus de mal à relever le défi de la concurrence
    internationale. Les entreprises vont avoir le choix entre le dépôt de bilan et la
    délocalisation. Celles qui ne pourront s'enfuir seront condamnées à mort. Des chômeurs
    supplémentaires en grand nombre provoqueront l'effondrement accéléré des régimes
    sociaux, qui ne cesseront de réduire leurs prestations, augmentant le nombre des
    mécontents et des protestataires. Et tout cela jusqu'à l'explosion finale qui verra
    descendre dans la rue des millions de Français qui ne seront d'accord sur rien sinon sur
    le fait que cela ne peut plus continuer ainsi. Pouvons-nous encore échapper au déroulement de ce scénario-catastrophe ? Assurément. Mais encore faudrait-il que les Français sortent de leur apathie. Qu'attendent-ils pour adhérer en masse aux associations et groupements divers qui, depuis des années, font une analyse exacte de la situation et luttent contre les dérives mortifères de notre société ? Que ne protestent-ils vigoureusement contre les médias qui mentent avec impudence et ne cherchent qu'à les endormir ? Que n'engueulent-ils vigoureusement les journaux qui se disent de leur camp et qui soutiennent avec aveuglement l'actuelle " majorité " - qui n'est plus qu'une petite minorité - au lieu de donner la parole à d'authentiques représentants de la droite réduits au silence pour cause de pensée " incorrecte " ? Croient-ils que les dirigeants de journaux et leurs journalistes puissent résister longtemps aux protestations de leurs lecteurs ? En vérité, on assiste en ce moment, en France, à un spectacle hélas bien connu dans notre pays, qui voit la perversion des élites, ou prétendues telles, détruire la substance de la nation tandis que l'immense majorité de la population regarde le spectacle comme s'il ne s'agissait pas d'elle et de son destin. Mais le pire n'est pas certain. Il se peut que le seul média encore libre, Internet, finisse par devenir le lien entre tous les Français qui ne renoncent pas. Il se peut aussi que les forces de vie l'emportent sur les pulsions de mort et sur le déclin général du patriotisme. Comment peut-on se dresser de fierté quand l'équipe de France de football remporte la victoire et assister sans mot dire à l'effondrement de son pays ? Il y a là plus qu'un mystère : une anomalie. Une de celles qui fondent les incertitudes de l'histoire. A l'extrême gauche, on attend le grand soir. A droite, on fait plutôt confiance aux levers matinaux et à l'effort. Ajoutons-y un peu de lucidité et de détermination et nous aurons gagné la partie. Claude Reichman 
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