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	La « relique barbare » se porte bien ! 
	 
	François Fillon est un Premier ministre sérieux, qui a une vision juste de 
	la situation dans laquelle se trouve notre pays : hier il disait que l’Etat 
	était bel et bien en faillite, aujourd’hui il annonce 1600 milliards de 
	dette publique, montant qui va continuer à augmenter, au moins jusqu’en 
	2012. Et il en tire les conséquences : «Il n’y aura plus de dépenses 
	publiques pour financer la croissance».  
	 
	Ce qui est à moitié convenir que les dépenses publiques ne sont en rien 
	créatrices de croissance. Sinon, ça se verrait… A cet égard l’intervention 
	de notre Premier ministre marque un nouveau tournant. On va bientôt 
	emprunter 35 milliards d’euros pour investir dans «des secteurs d’avenir», 
	en application d’une stratégie qui, entre-temps, a fait l’objet d’un virage 
	à 180°… 
	 
	On pourrait le chipoter sur l’importance réelle des réformes effectivement 
	réalisées, ou engagées, depuis 2007, que ce soit sur l’autonomie des 
	universités, le financement des retraites ou le service minimum. Les 
	réformes sont là. Mais toujours limitées. 
	 
	On pourrait contester son diagnostic de la situation économique. Qui peut 
	affirmer (à part lui) que la croissance reprend des couleurs et que le 
	chômage va diminuer ? En tout cas, chaque plan de sauvetage, d’une banque ou 
	d’un Etat, nous entraîne vers la déflation. Et cela malgré le flot de fausse 
	monnaie répandu par les banques centrales. 
	 
	D’où l’erreur que François Fillon commet, avec la quasi-unanimité de la 
	classe dirigeante mondiale. 
	 
	La finance mondiale n’a absolument pas besoin d’être «mieux régulée». En 
	tout cas pas par des réglementations et des organismes bureaucratiques. Elle 
	est malade de sa monnaie. La gestion de celle-ci par les banques centrales 
	est un échec monstrueux, aussi grave pour l’humanité que celui du communisme 
	et du socialisme. Il faut d’urgence retirer le pouvoir de créer de la 
	monnaie ex nihilo à des personnages qui sont les docteurs Diafoirus des 
	temps modernes. La seule monnaie internationalement reconnue et acceptée est 
	l’or. Il n’y a pas d’autre solution que d’y revenir, ou plutôt il faut 
	simplement cesser d’interdire aux citoyens du monde de passer entre eux des 
	contrats libellés en or (ou avec une quelconque autre référence, 
	d’ailleurs). 
	 
	En passant, vous considérez comme une évidence que les taux d’intérêt 
	doivent être le plus bas possible. En êtes-vous si sûr ? Ne pensez-vous pas 
	qu’il est catastrophique de financer avec des taux artificiellement bas des 
	projets insuffisamment rentables ? Qu’il est mauvais, par exemple, pour nos 
	enfants, que l’Etat en faillite dont vous êtes le Premier ministre ait pu si 
	facilement, depuis 30 ans, s’endetter à des conditions si bon marché ? Bien 
	sûr, il ne faut pas que les taux d’intérêt (principalement à moyen ou long 
	terme) soient non plus artificiellement hauts. Car il ne faut manipuler ni 
	l’épargne ni l’investissement, si on veut les favoriser tous les deux. Il 
	suffit de laisser faire le marché, toujours plus intelligent que tous les 
	technocrates réunis. 
	 
	Il est vrai que les banques centrales, ayant reçu le privilège de fixer ou 
	«orienter» les taux d’intérêt à court terme, n’ont eu de cesse que de peser 
	sur les taux longs (par exemple en achetant directement de la dette d’Etat). 
	C’est pourquoi il n’y aura pas de taux d’intérêt vrais aussi longtemps que 
	les monnaies n’auront pas elles-aussi un prix vrai, rattaché à l’or (comme 
	le général de Gaulle, instruit par Jacques Rueff, l’avait fort bien 
	compris). 
	 
	Monsieur le Premier Ministre, je suis sûr que vous serez sensible à cette 
	évocation. 
	Mais vous pourriez aussi vous inspirer de lui sur un autre plan. 
	 
	Vous nous avez confirmé que le bouclier fiscal et l’ISF seraient bien 
	supprimés, sans augmentation des impôts, sans création d’une nouvelle 
	tranche de l’impôt sur le revenu, mais «à produit fiscal constant» 
	 
	On devine que vos conseillers font déjà tourner les gros ordinateurs de 
	Bercy pour nous concocter un mélange savant d’augmentations des impôts et 
	taxes sur les revenus et plus-values du capital. 
	 
	Est-ce que ce sera plus juste et plus efficace ? On verra. 
	 
	Mais ce que je veux vous dire, ce que le général de Gaulle avait compris, et 
	qu’il a fait en 1958 dès qu’il est revenu aux affaires, c’est que le 
	meilleur moyen de relancer la croissance c’est de supprimer les obstacles à 
	celle-ci. C’est de supprimer tout ce qui décourage les initiatives. Tout ce 
	qui empêche la concurrence. 
	 
	Soit l’ISF est un impôt comme un autre, principalement destiné à remplir les 
	caisses de l’Etat et alors le remplacer par d’autres impôts et taxes, à 
	l’euro près, est une chose normale, plutôt d’ordre politique qu’économique. 
	Ou bien il convient de le supprimer parce qu’il est un obstacle important à 
	la création de nouvelles richesse et d’emplois, et alors il ne faut pas le 
	remplacer. 
	 
	Car l’histoire des faits économiques nous enseigne qu’il y a des baisses 
	d’impôt créatrices de richesses et donc de ressources fiscales. Selon cette 
	loi économique que connaissent bien les économistes, de droite comme de 
	gauche, qui inspira aussi bien John Kennedy que Ronald Reagan, que l’on 
	nomme la loi de Laffer. Et que vos conseillers ignorent encore. 
	 
	Alain Dumait 
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