| 
	 Au secours, on coule !  
	C’est une question à la Une du Journal du dimanche, paru hier 
	comme l’indique son titre : « Sarkozy a-t-il déjà gagné la présidentielle? » 
	La réponse est évidente: c’est non, et pour beaucoup de raisons. 
	 
	D’abord parce que dans trois ans, si ça se trouve, la Suisse nous aura 
	envahis, ou bien le Luxembourg, pour protéger leurs paradis fiscaux. Ou bien 
	une révolution aura balayé le pouvoir et, soit qu’elle aura gagné, soit que 
	le pouvoir s’en sera protégé, la République sera suspendue. Si ça se trouve 
	aussi, Nicolas Sarkozy dira stop, basta, je voulais faire président, je ne 
	veux plus faire président, trouvez quelqu’un d’autre. 
	 
	Autre chose encore. Je ne sais pas si on vous l’a dit, mais nous sommes dans 
	la crise, profondément et bientôt entièrement dans la crise. L’eau commence 
	à entrer partout, on écope de plus en plus difficilement, certains disent 
	qu’on vit très bien avec de l’eau jusqu’au cou et des déficits jusqu’à la 
	ligne de flottaison, mais là, on s’inquiète. Dans la journée, nous 
	apprendrons que le vertigineux trou de la Sécurité sociale, que chaque 
	ministre concerné depuis vingt-cinq ans déclare définitivement bouché, ce 
	trou donc est assez vaste pour y loger vingt milliards d’euros en petites 
	coupures. Pas mal, non. C’est d’ailleurs en l’évoquant que Brice Hortefeux, 
	hier, ministre du Travail, a évoqué comme piste possible de bouchement 
	obligatoire – ben oui, j’invente des mots, parce que c’est gratuit – il y 
	aurait le relèvement à 67 ans de l’âge de départ à la retraite. Comment ? 
	Mais c’est un scandale ! Quel gouvernement de droite, etc. etc. 
	 
	Droite ou gauche, c’est tout sauf une information. Ce qui nous attend sera 
	moins drôle que ce que nous avons vécu. Il y a, hélas, beaucoup de 
	probabilités pour que dans un futur proche, presque immédiat, on gagne moins 
	et on paye plus, on se repose moins et on travaille plus. Collectionnez donc 
	les déclarations ministérielles qui assurent que les impôts n’augmenteront 
	pas. Fausse promesse, évidemment. Et nous nous indignerons, comme pris par 
	surprise, le jour pas lointain où l’on nous annoncera que, vous savez mes 
	bons amis, on est obligé d’augmenter les impôts, eh oui, on regrette, mais 
	un moins un faisant une énorme dette, on ponctionne, sinon on crève. 
	 
	Tout ça pour dire que dans trois ans, Nicolas Sarkozy peut être très, très, 
	très impopulaire. D’autant plus que collectivement nous donnons parfois 
	l’impression qu’un miracle nous sortira des embêtements, un peu comme si une 
	grande majorité de citoyens pensaient que le ministre du budget joue au 
	loto, pour la France, et qu’il pourrait gagner, ce serait chouette. Hélas, 
	même s’il décrochait la super tirelire du super méga tirage du siècle, il 
	n’y en aurait quand même pas assez pour régler l’emprunt que nous 
	contractons consciencieusement depuis trente ans. 
	 
	J’attends de lire les bons docteurs qui diront que c’est pire ailleurs, sans 
	doute, oui, mais quelle importance ? Nous ne parvenons plus à financer les 
	piliers de notre pacte social. Voilà notre problème, notre difficulté. La 
	crise, à la fin des fins, c’est cela, l'asphyxie progressive vers laquelle 
	nous allons. D’où la réponse à la question : « Sarkozy a-t-il déjà gagné 
	l’élection présidentielle ? ». Réponse : non, non et non.  
	Jean-Michel Aphatie  
	   |