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	 L’Etat est aux abois !  
	L’année se termine. Au vrai, elle se termine en beauté. Par exemple, on 
	apprend par des indiscrétions indiscrètes que le débat se poursuit au sein 
	du gouvernement, parmi les députés, à propos de l’emprunt. Obligatoire ou 
	pas ? Que l’on pose la question, qu’on se la pose, me paraît déjà 
	extravagant.  
	 
	Que l’impôt soit obligatoire, ça on le comprend, on l’admet, on le paye. 
	L’impôt, c’est ce qui matérialise la qualité de citoyen. Chacun, ainsi, 
	participe à l’oeuvre commune et témoigne de sa solidarité. Mais l’emprunt, 
	c’est autre chose. Je prête mon argent si je veux. Et si je ne veux pas, je 
	ne le prête pas. Il y a quand même un minimum de liberté, non ? 
	 
	Imaginons une obligation. Y aurait-il donc des sanctions ? En effet, lors de 
	la souscription, il faudrait prévoir des sanctions si d’aventure un 
	contribuable refusait de prêter son pognon et son oseille. De la prison ? 
	Une amende ? Les deux à la fois ? Parce qu’on ne veut pas prêter son argent 
	à un Etat glouton qui est en déficit depuis trente ans et qui n’a plus assez 
	avec les impôts, taxes et contributions diverses pour financer ce qui doit 
	l’être ? Et puis, si l’on force à prêter, comment ensuite faire de ce grand 
	emprunt « patriotique » une marque de confiance, un plébiscite ? Non, 
	l’emprunt doit être librement consenti par chacun de ceux qui y souscrivent, 
	sinon, c’est du racket. 
	 
	Ce débat, en réalité, dissimule autre chose. La perte des repères et des 
	principes, occultés par l’angoisse que procure la situation financière de l’Etat 
	à ceux qui la connaissent de l’intérieur. Les contraintes engendrées par la 
	multiplication et la profondeur des déficits sont tellement importantes que 
	les gestionnaires des finances publiques agissent et réagissent comme des 
	personnes aux abois, ou prises au piège, ce qui est au fond la même chose.
	 
	 
	Ce débat sur l’obligation est un indice, et nous avons tort de négliger les 
	indices. Comme toujours, nous avons tout sous les yeux. Et comme souvent, 
	nous sommes aveugles.  
	Jean-Michel Aphatie  
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